Monsieur Pierre

Il y avait ces quelques vers : 

Et l’enchanteur, maître des mots et des fleurs, naquit, enfant sage au milieu des tumultes.

Ils commençaient et finissaient tout à la fois le livre, on se demandait bien qui les avait écrits, et on se demandait aussi qui était cet Enchanteur.
On n’avait pas compris que c’était Pierre, avec son grand sourire et son accent, ses poèmes marchombres qui dessinent en trois vers une émotion, et puis surtout son cœur sur la main, ou plutôt sur les deux mains tellement il était gros.
J’ai eu la chance de le croiser un jour et ce qu’il m’a donnée est hors de prix : un nouvel horizon vers lequel lever les yeux.
Une fois, j’ai voulu baisser la tête et arrêter d’écrire, sauf que Pierre était là et qu’il ne m’a pas laissée faire, oh non : il m’a donné une consigne (un texte à la 1ere personne), un délai (le plus tôt possible) et un ordre (écris !). Ca a donné le Cœur à l’Ouest.
Ses livres étaient pleins de liberté et d’amour, tout comme lui.
Aujourd’hui la vie est un peu incompréhensible. Mais il l’a dit :
« Si je vis dans un monde aux limites finies, connues, d’autres existent ailleurs, infinis, multiples, complexes, riches, foisonnants, merveilleux. »

Lus

Ellana la Prophétie, Pierre Bottero:


Après 8 tomes passés à explorer Gwendalavir, le dénouement. Et quel dénouement! Par la taille, déjà: plus de 600 pages, un énoooorme pavé qui fait chaud au coeur, surtout que l’intérieur est à la hauteur de l’attente.
Il y a quelque chose d’impressionnant dans la facilité avec laquelle l’auteur semble nouer toutes les ficelles entre elles, des ficelles qu’on avait même pas forcément remarqué plus tôt, jusqu’au moment où on se dit « merde, comment j’ai pu rater ça? »… Je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher le plaisir.
En tout cas, ce qui faisait la particularité des deux autres tomes d’Ellana est toujours là: la poésie marchombre, les dialogues en forme de joutes oratoires parfaitement ciselées. Et s’y ajoutent le plaisir de retrouver les personnages familiers de la Quête et des Mondes d’Ewilan, sans parler de cette galerie de visages bizarres qui parsèment le roman. Les Petits et leurs framboises, Doudou le troll à catogan… Bon évidemment j’ai aussi adoré le retour de Kamil Nil’Bhrissau mais là j’abandonne peut-être un peu ma légendaire neutralité.

La meilleure phrase: « une sacrée maligne, cette Kamil » p.457

De bons présages, Pratchett, Gaiman:

C’est plus le nom de Gaiman que celui de Pratchett qui m’a attirée, même si j’ai eu un peu de mal à démarrer le roman (je soupçonne le contexte d’y être pour quelque chose: l’aéroport d’Heathrow n’est pas le meilleur endroit pour commencer un livre). L’histoire: l’arrivée de l’Apocalypse, rien de moins! L’Antéchrist est enfin sur Terre, sauf qu’il a dix ans et un mode de raisonnement particulier, et les envoyés respectifs du Ciel et de l’Enfer, chargés de l’accompagner tout au long de sa vie pour l’orienter de leur côté, se trompent malheureusement de cible. Mais pas de panique, Agnès Barge la prophétesse a tout prévu.
Je ne connais rien d’autre de Pratchett donc je ne m’aventurerais pas à faire des comparaisons, mais pour ce qui est de Gaiman, on retrouve cette capacité à aligner les personnages absurdes (mention spéciale à Agnès Barge la bien-nommée) (quoique Shadwell mérite d’être cité) (et Toutou) (trève de parenthèses). J’aime.